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Nous irons camper sur la muraille de Chine

Nous irons camper sur la muraille de Chine

La grande muraille est l’attraction touristique la plus visitée de Chine, que ce soit par des étrangers ou des Chinois. Je vous laisse donc imaginer les centaines de personnes qui parcourent ces murs et « transforment » le paysage au quotidien.

Nous vous livrons ici une possibilité pour profiter de façon atypique et unique de ce merveilleux endroit.

Camper sur la muraille de Chine

Certains se demanderont si on peut le faire ? Mais peut-on, ou a t-on le droit, sont « deux questions qui amènent chacune une réponse différente ».
Pour être honnête, il n’est ni autorisé, ni vraiment interdit de faire ce qui suit, les indications chinoises sont même parfois contradictoires et le Lonely Planet vous donne aussi toutes les informations pour faire le même itinéraire que nous. Vous trouverez toutes les informations pratiques en bas de l’article.

Selon moi, il est surtout question de responsabilité et de respect : soyez souple, prenez soin des lieux où vous passerez, prenez en considération les éventuels passants et en gros, je ne le dirai jamais assez, respecter ce lieu historique.

C’est Tong, notre premier hôte chinois, qui nous a lancé l’idée bien avant qu’on ait organisé quoique ce soit. Il nous a dit que plusieurs chinois le faisait et qu’il n’était pas rare que des touristes aussi. Nous avons d’ailleurs eu plusieurs sourires et regards approbateurs de la part des touristes chinois, une fois sur la muraille.

Pour l’anecdote, il s’y passerait même des expériences « surnaturelles » : certains auraient vus des fantômes ou fait des rêves étranges. Mais on a rien de tel à vous raconter.

Le départ

Après notre épopée à Yesanpo, « lieu mythique proche de Beijing », nous (Alex, notre hôte à Pékin, Valérie, une amie à lui, Guillaume et moi) cherchions à combler notre dernière journée de trek de 4 jours, écourté par l’impossibilité de camper.

C’est donc motivés et excités que nous sommes retournés sur Beijing dans la matinée. L’idée c’était de nous ravitailler en beurre de cacahuète et en faux Nutella avant de sauter dans un bus direction Jiankou afin d’y passer la nuit.

C’est à 20h que nous sommes arrivés à Xizhazi, dans la nuit déjà noire, avec une légère appréhension face à la guichetière qui a ouvert sa petite fenêtre à cette heure tardive. Cette partie n’étant pas censé être explorée, elle risquait de nous jeter. Mais contre toute attente, elle a encaissé notre argent et est retournée se coucher.

C’était donc parti pour l’ascension, suivant notre excellent guide Alex, au sens inné de l’orientation.

Jiankou, partie non restaurée

Une fois entrés dans le village et le sentier trouvé, il nous a fallu ignorer 2/3 panneaux interdisant de continuer sur cette voie, avant d’entamer notre montée à travers les pins.

Je me sentais déjà épuisée, mes jambes avaient encore en mémoire les restes des centaines de marches montées 3 jours plus tôt, mais j’ai beau être comme un chiot toujours à la traine, l’énergie du groupe portait chacun de mes pas. L’entente entre nous était juste parfaite, chacun s’entraidait, s’attendait et se motivait.

Il n’est pas toujours aisé de trouver des compagnons de voyage aussi complémentaire et cette ascension n’aurait pas été la même sans eux.

Après une heure de marche et quelques pauses, Valérie nous a offert un moment solennel avant de poser nos pieds sur les premières briques. Bon ok, on ne voyait rien, mais l’excitation était bien présente et puis même dans le noir ça restait la grande muraille de Chine !

diner sur la muraille de chineQuelques mètres plus loin, on s’est arrêté pour hurler notre joie, profiter de ces instants uniques et partager un repas convivial sous une magnifique voute étoilée. Le  repas, composé des mêmes aliments que les 3 jours passés, sera un véritable festin pour nos estomacs affamés et nos corps frigorifiés. Nous avons gardé le dessert pour la destination finale.

 

Ce que je ne savais pas encore c’est que le plus dur restait à venir : nous avons repris notre périple de plus belle, à pas de loup, éclairés par les faibles faisceaux lumineux de nos deux lampes frontales, le néant était toujours deux mètres devant nous. Parfois nous n’étions qu’à quelques centimètres du vide. Nous évitions patiemment les branches d’arbres, gravissions des restes d’escalier, assurions chacun de nos pas sur la caillasse qui roulait sous nos chaussures. Le silence et la concentration ont remplacé nos bavardages, nos blagues et nos rires.

Nous avons continué à nous enfoncer dans la nuit noire et subitement le sentier changeait un peu trop…  Chocho en tête de file demanda :

– Alex, il y a une énorme descente là. Tu es sûr que c’est le bon chemin ?
– Euh… je me souviens avoir eu une partie difficile, mais je suis incapable de vous dire si c’est celle là (mémoire de poisson rouge bonjour)
– ok … accrochez vous bien aux murs les filles, la pente est vraiment raide.

Notre progression a continué, Alex nous affirmait qu’on touchait au but et les 3 tentes qu’on a croisé indiquait qu’il avait raison. Effectivement un panneau nous a confirmé que nous avions réussi !

Une fois les tentes montées, c’est avec fierté et amitié que nous avons partagé des muffins Nutella accompagnés d’une bonne bouteille de vin rouge.

Mutianyu, partie rénovée

Toute cette ascension avait pour but de profiter de la muraille sans touriste, il était donc évident que nous avions mis le réveil à sonner très tôt (5h30 pour être précis). Nous souhaitions par la même occasion être aux premières loges pour profiter du lever de soleil.

Naturellement, le soleil s’est levé, mais quelle déception d’observer un mélange de brume et de pollution qui a gâché les premiers moments de cette journée. Tant pis, nous en avons malgré tout profité un peu plus tard. La grande muraille de Chine s’offrait à nous « telle un dragon gigantesque, qui serpente à travers les déserts, les prairies, les montagnes et les plateaux ».

muraille de chine au reveil apres avoir camper

Seuls au monde, nous avons alors profité de la vue, et admiré « la structure architecturale la plus importante jamais construite par l’Homme à la fois en longueur, en surface et en masse. ». Selon les estimations et la prise en compte des éléments naturels, elle ferait entre 5000 et 50000 km de long.

camper sur lamuraille de chine le monde a deuxUne muraille qui en a vécu des histoires, ces « fortifications militaires chinoises ont été construites, détruites et reconstruites en plusieurs fois et à plusieurs endroits entre le IIIe siècle av. J.-C. et le XVIIe siècle pour marquer et défendre la frontière nord de la Chine ».

Elle a été appelé « le plus long cimetière sur terre » parce que beaucoup de personnes ont péri en la construisant. Selon les témoignages, elle a coûté la vie à plus d’un million de personnes ».

On s’est questionné à plusieurs reprises sur l’intérêt d’une telle construction : des soldats ont-ils vraiment tenté de s’aventurer sur ces aspérités naturelles, chaotiques et dangereuses ou était-ce simplement pour démontrer la puissance d’un empire? Surtout qu’au final, elle n’a jamais vraiment repoussé les invasions…

C’est sur ces questionnements que nous avons poursuivi notre chemin. Notre solitude n’aura pas été de longue durée, les premiers touristes sont rapidement arrivés et ont modifié l’ambiance sereine et majestueuse dans laquelle nous étions immergés quelques minutes auparavant.

touriste sur la grande muraille de chine

pti dej camper grande muraille de chineIl était alors tant de faire honneur à ce qui a fait l’unicité de notre groupe : le petit-déjeuner. Nos cousins canadiens nous ont fait découvrir avec malice, l’exquis mélange addictif du beurre de cacahuète/Nutella sur du pain de mie, tout cela sous les regards curieux des touristes chinois.

Bien évidemment nous ne manquerons pas à la traditionnelle séance photo faite par des inconnus avant de reprendre notre marche au milieu de la foule, des ouvriers qui portaient les pierres à même le dos pour restaurer la muraille et le plaisir d’avoir été là avant tout le monde. Même si le soleil n’était certainement pas au rendez-vous, le partage de cette aventure restera unique et inoubliable.

restauration grande muraille de chine

Informations pratiques

Comment s’y rendre

Prendre le métro jusqu’à la station de métro Dongzhimen où vous trouverez les bus en haut.

Prendre le bus n° 916 jusqu’à Huairou (12 yuans sans la carte) : environ 1h de route

Des « taxis » vous aborderons, en prendre un jusqu’à Xizhazi (prix négocié: 150 yuans pour 4)

Ticket d’entrée à l’office de Xizhazi : 20 yuans

Entrer dans le village, allez sur la gauche et trouvez le sentier : 1h de marche qui monte dans une forêt de pin pour arriver à Jiankou, la partie non restaurée de la grande muraille.

Partez sur la gauche et comptez encore une bonne heure pour arriver à Mutianyu (la partie rénovée).

Poser votre tente dans la partie non rénovée, vous pourrez vous mettre dans les tours.

Comment rentrer à Pékin

Marcher ou prendre un taxi pour descendre jusqu’au village (voir sur la carte)

Prendre le bus n° 936 jusqu’à Huairou (vue depuis l’arrêt de bus)

arret de bus pour partir de la muraille de chine

Depuis Huairou, prendre le bus n°916 jusqu’à Beijing.

Reprenez le métro pour aller vous reposer dans votre auberge 🙂

Conseils

Prévoyez de bonnes chaussures de marche.

Prenez une tente auto-portante 😉

Préférez le faire en journée, sauf si vous aimez le danger et les sensations fortes… Honnêtement je n’ai pas réalisé dans quoi nous nous étions embarqués.

Comme tout camping sauvage, respectez les lieux, levez-vous tôt pour ne pas déranger les premiers passants et surtout pour profiter de la vue magnifique qui s’offre à vous.

Les déchets pourront être jetés dans les poubelles sur la partie rénovée.

Notre aventure est une alternative aventureuse pour découvrir la grande muraille, si vous vous sentez moins casse-cou, je vous invite à aller visiter la page de novo-monde qui vous proposera un autre choix moins périlleux.

Pour nous, ce fût pourtant une aventure mémorable que nous avons adoré partager avec nos compagnons de route. Nous retournerions sans aucun doute dormir là-haut, mais pour être honnête si nous devions le refaire, nous ne remonterions pas de nuit.

Et vous quelle sera votre manière de visiter la grande muraille?

Source

Toolito anecdote muraille de Chine

2 commentaires

  • Répondre
    6 juillet 2015

    Très beau retour d’expérience !
    Camper sur la muraille, il fallait y penser quand même. Bravo

    • Répondre
      14 août 2015

      C’est un local qui nous a soufflé l’idée 🙂

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